Qui n’a pas déjà entendu cette phrase ? _ qui sincèrement, pour ma part, provoque une pilo-érection (de tous les poils de mon corps ! Oui carrément.)
« Gentil », selon notre bien-aimé Larousse, ça veut dire :
Aimable, complaisant, plein de bons sentiments à l'égard d'autrui ; qui manifeste ce caractère ; délicat.
Agréable à voir pour sa délicatesse, son charme ; mignon.
Il semblerait que pour beaucoup d’humains cet adjectif signifie « dénué d’agressivité », « qui n’est pas méchant ». Et « méchant » ça veut dire quoi ??
1. Est-il « gentil » de mettre ses congénères en rogne ?
Alfred ne tolère pas l’impolitesse. Serait-il juste de le blâmer pour ça ? A mon sens, c’est tout à son honneur.
Si Médor s’approche de façon trop brutale, trop vite et trop frontale ; Alfred lui fera part de son désaccord, en lui grognant dessus. « OHH le vilain cabot » … qui communique en langage chien ! Peut-on le condamner à un jugement si puéril pour avoir été honnête et direct, pour avoir OSE poser ses limites, rapidement, à sa manière, avec son bagage émotionnel ? Puisque Alfred parle, discute, s’exprime et que grogner ça fait peur aux âmes sensibles humaines ; cette normalité justifie-t ’elle qu’on se permette de le ranger dans une case « chien méchant » ?
De cette manière, Robert peut-il « gentiment » laisser Médor harceler les autres, puisque c’est un « gentil chien »?
_ No problem, c’est un amouuuurr _ Et sinon, on redescend sur Terre à quel moment ? Le bon sens, tout ça, ça n’existe plus ? Ah ! C’est trop Has Been peut-être ? …
Evidemment, sous prétexte qu’il ne présente jamais (jusqu’au jour où …) de signes "d’agressivité" (entendables et perceptibles par l’humains), Robert laisse toujours Médor se présenter comme un goujat et mettre les autres mal à l’aise. Il n’intervient pas _ Surtout pas ! Les chiens se régulent entre eux comme des grands _ (si seulement …), ne s’excuse pas _ surtout pas _ parce que Médor est « gentil », « il ne ferait pas de mal à une mouche ! » _ RIP la tortue de Mami Jeannine.
Réfléchissons 1 minute (plus, ne serez pas de trop) : est-il vraiment sympa, gentil, agréable, complaisant, plein de bons sentiments à l’égard d’autrui, que de laisser Médor mettre les autres mal à l’aise (voire en colère) ?
2. Est-il « gentil » de ruiner le travail de Tata Simone en l’espace de 21 secondes ?
Pendant que Simone travaille d’arrachepied depuis plus de 2 ans afin que Alfred tolère marcher à 4,52 mètres d’un congénère …. Francine laisse Kiki allait faire sa « présentation » de Kéké … « mais il est si gentil » …
Et paf ! Elle vient de faire reculer Simone et son travail de 44 pas ! Merci bien Francine… Simone rentrera emplie de colère, et de tristesse. Merci encore.
Francine se pointe avec son joli minois, si fière de son Kiki, la « crème de la crème ». A cet instant (et à tous les autres instants d’ailleurs), elle juge qu’il est tout à fait acceptable de le laisser foncer, tête haute, queue relevée, droit sur le premier venu ; et que peut-être il appartient aux autres d’éduquer leur « vilains chiens méchants et agressifs »… Et pourtant, ils essayent ...
Il est à noter que ce n’est pas aussi simple que de ranger des individus chez les gentils ou les méchants. Le gène « gentil » n’est inscrit dans aucun ADN. On ne nait pas gentil ou méchant. Au risque de vous décevoir, nous ne sommes ni dans Star Wars, ni dans un Marvel, ni dans un Walt Disney ...
Nous sommes bel et bien dans la réalité, celle qui a placé nos chiens domestiques dans une société qui ne leur appartient pas et qui n’est que très peu adaptée à leurs besoins. Ils vivent dans un environnement qu’ils n’ont pas choisi, avec nos règles, nos exigences et nos jugements. Et, afin de s’adapter à cette vie et de survivre dans cet environnement, ils adoptent des réponses adaptatives qui ne nous plaisent pas toujours. Certains sont plus résilients que d’autres, et tant mieux pour eux. Si Kiki s’est fait à sa vie plan-plan « canapé-Quartier-Lesfeuxdel’amour», Alfred lui gère plus difficilement le brouhaha constant des comptines de nos villes que nous n’entendons même pas, les effets de surprises et l’impolitesse des gens et des congénères.
Il n’en est pas moins « gentil », il répond gentiment _ à mon sens _ à ce qu’il ne parvient pas à gérer. Un kiki qui déboule comme une fusée, droit sur lui, sans lui demander son avis, ça n’est pas du tout gérable !
3. Est-il « gentil », ou même juste, d’ignorer le langage de nos chiens ?
Robert, Médor et sa présentation de gros dure, sont là, au Parc Bienheureux tous les mercredis à 15h pétante. Robert, à l’affut de tous les canidés qui entrent dans le parc, se précipite afin que Médor puisse « dire bonjour ». _ Il est primordial qu’il assouvisse son besoin social. Peu importe si le malheureux qui vient de mettre les pattes dans le parc, soit petit, grand, attaché, muselé ou sur 3 pattes. Médor doit "jouer" !! _ Outch.
Une fois que Robert, d’un pas décidé, a lancé Médor sur Alfred, tel un boulet de canon ; ce qui se passe ensuite n’est plus de sa responsabilité puisque les chiens, comme les loups, se régulent entre eux. _ Bull Shit ! _ Encore une fois, si seulement c’était aussi simple …
Il semblerait que Robert fasse fausse route, au sens propre comme au figuré. Premièrement, en se dirigeant droit sur Alfred, sans même avoir eu son consentement, Robert a mis son Médor dans de beaux draps … Médor suit les intentions de ce dernier et l’excitation de voir un chien est bien trop grande pour qu’il soit en capacité de réfléchir.
Alors Médor fonce tête baissée, toujours trop haut en émotions pour se présenter proprement ou même percevoir les signaux de mise à distance de Alfred (et de Simone en panique !). Et voilà que Médor fini par se faire grogner dessus, et enfin par se faire pincer. En effet, sans même s'en rendre compte, il a poussé Alfred à bout. Mais qui s’en est aperçu ? Simone, affolée et angoissée, au premier plan de la scène sans même pouvoir faire quelque chose afin de venir en aide à son Alfred pour éviter ce qui, encore une foi, le condamnera à une étiquette de "chien méchant". Merci Robert.
Quand bien même, cette erreur de trajectoire aurait été involontaire, Robert aurait pu aider Médor à se sortir de cette situation, il aurait même pu s’excuser et refaire ce type de rencontre en longe, en guidant Médor afin que ses présentations soient plus polies. Et peut-être même que si nous lui apprenons à avoir et à apprécier des contacts de qualité, il serait à même de savoir gérer ses émotions face à ses congénères. Encore aurait-il fallu que Robert ait pris conscience de la malaisance de cette situation …
Au-delà d’une envie, qui émane sans doute d’un bon sentiment, de combler les besoins sociaux de son chien, de manière totalement inadéquate ; il persiste un manque de connaissances, une ignorance des signaux de communication de l’espèce canine et une non prise en compte-compte de leur état émotionnel. Oui, les chiens ont un langage, et ce n’est pas parce qu’il ne ressemble pas au nôtre qu’il est à mettre aux oubliettes ! Ce ne sont pas des peluches toutes douces qui affichent simplement un « air coupable » quand ils font des « bêtises » ou qui remuent de la queue lorsqu’ils sont « contents » ; ce sont des êtres vivants et sensibles qui font de leur mieux pour s’adapter à nos incohérences, nos exigences et nos choix.
Adopter un chien et ignorer sa communication et son langage ; c’est passer à côté d’une multitude de moments chaleureux, de dialogues, de partage, de bienveillance … et peut-être à côté de votre relation … En plus de se mettre toutes les Simone à dos _ Effectivement, c’est fichu pour un rencart …
Alors ??
Lâcher prise et laisser son chien être un chien, ne signifie pas de le laisser faire les mauvais choix ; surtout lorsqu’ils incombent de ne pas respecter le choix des autres.
Mami Jeannine avec son Fifi est trop crispée. Impossible pour elle de lâcher Fifi car elle a trop peur qu’il se fasse manger par le grand méchant loup. Evitons de la mettre dans tous ses états. Peu importe que Fifi soit « sociable » ou non, on respecte les peurs de Jeannine, on rattache son chien, on dit bonjour et on continu son chemin.
Simone qui réussit, depuis peu, à mettre pieds et pattes dans un parc à 7h du mat, parce que croisé 3 chiens sur 1 h de balade c’est maintenant gérable ; est si fière du chemin parcouru ! Alors on évite de faire voler ses petites brides d’espoir en éclat, on rattache son chien, on s’éloigne et on va plutôt discuter à Jean-Eude de l’autre côté du Parc.
Quant à Robert et Médor, Francine et Kiki, j’espère pour le bien-être de leurs poilus et des citoyens avec qui ils cohabitent sur cette planète, qu’ils feront de même. J’espère qu’ils finiront par s’apercevoir que l’éducation ne s’applique pas seulement à nos animaux domestiques, elle s’applique à nous-même ; dans une société et une vie régie par des règles, des contraintes, des limites _ C’est la vie _ avec des humains, des chiens, des êtres-vivants qu’il semblerait approprié de respecter, d’essayer de comprendre, d’écouter.
Ah ! Vous pensez que je parle d’un monde utopique ? Sans doute. Mais pourquoi ne pas l’envisager ?
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